Qu’est-ce que la science ?
(AàZ) : Dans un sens courant, le savoir, (du latin scientia, scire, « savoir ») est synonyme de savoir en général, voire d’habileté technique (un militaire à la science des armes). Les Grecs le nomment épistêmé et le définissent comme une connaissance à la fois éminente (savoir supérieur), universel (s’opposant aux opinions particulières) et théorique (différent des savoir-faire pratiques). Chez les Modernes, le savoir est la connaissance scientifique positive, la science expérimentale qui repose sur des critères précis de vérification permettant une objectivité des résultats.
Pour aller plus loin:
La science peut être définie (sens moderne) comme l’ensemble des « connaissances discursives établissant des relations ou des lois nécessaires entre les phénomènes étudiés et rassemblant dans des théories ces relations ou lois ». Les connaissances « discursives » sont acquises au moyen d’opérations de la pensée comme le raisonnement, le jugement, la déduction, etc. La connaissance est censée être objective et vraie, de l’ordre du savoir, sans quoi elle n’est plus « connaissance », mais opinion, simple croyance, préjugé, etc. La science, même dans son sens moderne, semble donc difficile à distinguer entièrement de son sens ancien qui la qualifie de « connaissance rationnelle portant sur l’essence du réel », c’est-à-dire sur la nature des choses. Quoiqu’il en soit, la science peut être identifiée comme une méthode ou un domaine de la pensée humaine qui est « amené à » connaître son objet d’étude.
Un problème peut être soulevé, c’est celui du singulier : qu’est-ce que « la » science ? Il existe plutôt « des » sciences », qui portent chacune sur un domaine spécialisé, avec des méthodes qui lui sont propres (sciences expérimentales, sciences humaines, sciences formelles…). Leur point commun est sans doute la recherche rationnelle et méthodique de lois nécessaires et de relations objectives dans un domaine donné. Si chaque science tient son domaine, son objet, sa méthode, alors, la science ne peut pas tout connaitre, car une science, au singulier, ne porte que sur une partie du réel, ou en tous cas, sa méthode est limitée à ses propres outils, et elle devra être, au mieux, complétée par d’autres sciences pour prétendre à une connaissance totale. Il faudra donc sans doute entendre ce singulier, « la science », comme l’ensemble des connaissances que toutes les différentes sciences nous permettent d’acquérir, un peu comme s’il y avait un esprit humain, universel, qui s’adonnait à cette quête de savoir à travers le temps.
Connaître, c’est prendre acte des données de l’expérience et chercher à les comprendre ou à les expliquer. Il s’agit d’une activité théorique qui satisfait un désir de savoir, parce qu’elle est censée déboucher sur une vérité objective. Toutes les données de l’expérience sont-elles compréhensibles et explicables par la science ? Certaines connaissances échappent-elles à la science ? Si c’est le cas, parce qu’elles seraient « trop irrationnelles » (la rationalité est une caractéristique qui ressort de la définition de la démarche scientifique), alors on peut se demander : la science sera-t-elle un jour en mesure de les comprendre ou de les expliquer ? Historiquement, les théories scientifiques se corrigent les unes après les autres, annulant les mythes et superstitions sur leur passage, et semblent une à une rectifier le trajet de l’esprit humain vers la vérité. Que ce soit chez les Anciens, chez les Modernes, et même encore chez certains contemporains, persiste l’idée que la meilleure manière de connaitre le réel est basée sur les faits, sur la raison et sur l’expérimentation, autrement dit que la manière la plus fiable de connaitre véritablement est la démarche scientifique. Plus encore, cette idée laisse suggérer une vision rationnelle du réel, qu’il s’agit alors, pour l’esprit humain, de dévoiler petit à petit, au fil d’un progrès. Comme si, tout ce qui restait mystérieux jusqu’à maintenant, même aux scientifiques, finirait par trouver des réponses scientifiques.
Aujourd’hui, jusqu’à maintenant, on a pris l’habitude de considérer que certaines questions métaphysiques, notamment, nécessitaient le recours à d’autres formes de vérités que celles qui sont accessibles par les sciences. Par exemple, pourquoi la conscience a-t-elle émergé du cerveau humain ? Pourquoi la vie a-t-elle été rendue possible sur notre planète ? Si l’on remplace le « pourquoi » par le « comment », il semblerait que les sciences s’appliquent à donner des réponses de plus en plus satisfaisantes. Les sciences répondent au « comment ? ». Mais si le « pourquoi » persiste après toutes les explications scientifiques possibles, on a pris l’habitude de s’en remettre plutôt à des croyances religieuses pour tenter de trouver d’autres vérités. Est-ce en attendant que la communauté scientifique découvre, dans une logique de dévoilement progressif de la Vérité, le fin mot de l’histoire ?
L’histoire des sciences montre que, par leurs méthodes et leurs résultats, les sciences repoussent sans cesse leurs frontières et permettent d’expliquer et de comprendre toujours plus de choses. Cependant, c’est aussi l’histoire des sciences qui révèle leurs limites : les vérités qui émergent s’avèrent n’être « que » des théories, qui peuvent être contredites, réfutées, par d’autres théories tout aussi scientifiques.
La science ne se confronte-t-elle pas en permanence à des limites d’ordre épistémologique, pratique, technique, mais aussi métaphysique ? Alors il faudra se demander quels sont les autres moyens qui sont susceptibles d’accompagner et de compléter notre connaissance du monde : l’art (par exemple avec la métaphore, la fiction, le récit), la spiritualité, l’amour, la philosophie.
Citations sur la science (cliquer sur le lien) :
