LA VÉRITÉ

Définir le contenu de la vérité est une entreprise extrêmement laborieuse et d’une difficulté suprême ; parce que nous sommes des êtres finis, instables, soumis au changement et au doute, pleins de contradictions, de conflits internes, alors que la vérité est définie comme éternelle, absolue, immuable, certaine, sans contradiction, une. Elle apparaît d’abord à l’esprit comme ce qui est par excellence inaccessible, comme ce qui ne se donne pas de soi, ce qui, comme le dit le mot grec qui la désigne (aletheia), se dévoile, doit « sortir de l’oubli ».

La question ici n’est pas de dire ce qu’est le contenu de la vérité, tout d’abord parce que l’entreprise est trop énorme pour trouver sa place ici, ensuite parce qu’il s’agirait de dire quel est le lieu de prédilection de la recherche de la vérité, ce qui parait impossible à déterminer, du fait de la multiplicité des domaines qui y prétendent (sciences, religions, philosophies, arts, etc.). Reste à dire quelle forme elle revêt, quels en sont les critères généraux, les caractéristiques générales.

Un discours est dit vrai lorsqu’il est adéquat au réel. Par exemple, la proposition « Paul est dans le jardin » est vraie si et seulement si Paul est dans le jardin. Il y a donc une relation intrinsèque entre vérité et réalité, à cela près que la réalité n’est pas nécessairement rationnelle alors que la vérité le sera : le premier principe de vérité est celui de la non-contradiction (principe qui ne peut pas avoir de sens dans les faits du réel). Ainsi, alors même qu’il s’efforce de le restituer avec fidélité, le vrai n’est pourtant pas le réel. On bascule alors du réel au rationnel : est vrai un discours qui est adéquat avec lui-même. La vérité est donc d’abord de l’ordre du discours ou de la représentation.

Ces deux critères: de l’adéquation de l’esprit avec le réel ou de l’esprit avec lui-même, sont l’adage de la philosophie scolastique, ancré dans la quasi-totalité de la tradition philosophique, jusqu’à aujourd’hui.

Ainsi, les critères de vérité sont, classiquement : la rationalité, l’objectivité, l’universalité (la vérité est absolue, et non pas relative ; elle fait autorité et s’impose à l’esprit), l’immuabilité, l’éternité (quelque chose de vrai est toujours vrai, ou vrai au-delà de toute temporalité), la certitude ou l’évidence (par intuition ou par déduction). Mais ces critères sont discutés tout au long de l’histoire de la philosophie, notamment par le scepticisme, le pragmatisme, le relativisme, etc., qui peuvent nous inviter à la modestie ou à la créativité, par exemple.

Termes opposés : illusion, opinion, mensonge, fausseté, erreur.

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