Pour rappel: la connaissance de l’auteur n’est pas requise. Vous pouvez très bien faire une excellente lecture philosophique d’un texte sans en connaître l’auteur. On se limite au cadre de l’extrait qu’on a sous les yeux.
Se lancer dans une lecture philosophique exige plusieurs lectures et relectures, crayon à la main, puis « couleurs » à la main. Vous devez « travailler » le texte comme le boulanger pétrit une pâte à pain !
Que ce soit pour l’explication de texte en philosophie ou pour la question d’interprétation en HLP, que vous soyez en terminale générale ou en terminale technologique (option n°1), il faut (le plus tôt possible) acquérir, AU BROUILLON, en travail préparatoire, les réflexes suivants:
- Identifiez le(s) thème(s) – De quoi parle le texte ? Chercher en priorité parmi les notions au programme, mais pas seulement. + Définir les thèmes que vous aurez identifiés. Il faut que vous soyez en mesure de justifier vos réponses à partir du texte.
- Dégager la thèse du texte – Quelle est l’idée générale qui se dégage du propos de l’auteur ? Pour justifier votre réponse, si la thèse est explicite, citez-la précisément (en ciblant une citation courte), si non, explicitez-la à partir d’éléments précis du texte.
- Dégager le problème du texte – Quelle(s) question(s) l’auteur s’est-il posée(s), qui l’ont poussé à écrire sa thèse ? Un problème philosophique peut soit contenir un paradoxe au sens où il contient une idée qui semble contradictoire (en rassemblant dans une même phrase des termes qui semblent antinomiques, par exemple), soit contenir un paradoxe au sens étymologique (= contre la doxa, l’opinion courante, l’évidence vers laquelle on penche spontanément), soit faire débat, c’est-à-dire que malgré les siècles qui passent et les progrès techniques et scientifiques, la réponse ne va toujours pas de soi et divise les esprits. Il est primordial de formuler clairement le problème, sous la forme d’interrogative(s) complète(s) – avec des verbes conjugués !
- Dégager les enjeux du texte – Dans quel(s) domaine(s) ce texte a-t-il un intérêt, des conséquences qui se jouent ? Pour vous débloquer dans cette recherche des enjeux, pensez à vous référer, au moins dans un premier temps, aux trois perspectives au programme, pour identifier des enjeux existentiels, culturels, moraux, politiques, épistémologiques, ou encore écologiques, sociaux, juridiques, éducatifs, historiques, scientifiques, psychologiques, etc. Pour chaque enjeu identifié, on justifie à partir du texte.
- Repérer les étapes de l’argumentation – Il s’agit de saisir le cheminement de pensée de l’auteur, de le suivre dans la construction de son idée, dans sa progression. Vous pouvez pour cela vous aider d’un repérage de connecteurs logiques, et des outils du discours argumentatif que vous connaissez: thèse, argument, exemple, explication, illustration, référence, etc. Pour chaque étape, rédiger une phrase complète (avec un verbe conjugué !) qui précise ce que fait l’auteur mais aussi (et surtout) ce qu’il dit. On s’attache (ici seulement) à la forme, pour s’assurer soi-même d’avoir bien identifié les différentes étapes, mais on n’oublie pas, dès maintenant, de préciser le fond ou contenu philosophique. Ce découpage correspondra -au moment de la rédaction- au plan de votre développement (on suit le texte dans l’ordre linéaire, étape par étape).
- On reprend chaque étape et on repère les termes ou expressions qui semblent importants à élucider. Il s’agit de préciser le sens des concepts que l’auteur utilise.
- Rédaction de l’introduction, dans laquelle on retrouve: le(s) thème(s), le problème, la thèse, les enjeux, et l’annonce du plan (c’est-à-dire les étapes de l’argumentation).
AU PROPRE:
- Copie de l’introduction travaillée au brouillon.
- Rédaction de l’explication développée, étape par étape (on passe à la ligne quand on passe à l’étape suivante). On n’hésite pas, dans le développement, à avoir recours à des exemples et des connaissances, à condition qu’ils viennent éclairer le texte. On s’en tient essentiellement au propos du texte. On pense à définir tous les concepts et propositions, sans éviter la difficulté ! On se confronte à tout ce qui est écrit ! On évite la paraphrase (qui ne fait que répéter le texte mot pour mot) et le commentaire (qui « raconte » ce que fait l’auteur, au lieu d’expliquer ses idées). On explicite tout ce qui est implicite. On s’efforce de penser avec l’auteur, par son texte et dans son texte ! On entre dans son esprit pour comprendre son cheminement de pensée jusque dans les moindres recoins.
- Rédaction de la conclusion. On récapitule; on reprend le problème et la thèse (sans se répéter mot pour mot, parce qu’on a progressé, après deux, trois, quatre heures passées sur le sujet !). Vous pouvez ici mettre le texte qui vient d’être étudié en perspective avec d’autres textes, et saisir quel retentissement la thèse qui y est exposée peut faire entendre aujourd’hui. / Précision: ce qu’on appelle en lettres « l’ouverture » n’est pas du tout obligatoire. Mieux vaut ne pas avoir d’ouverture que de fournir une ouverture maladroite et inutile.