Pour expliquer correctement un texte écrit en vers, il faut maîtriser quelques notions d’analyse propres à la versification et aux jeux sonores.
En voici quelques unes :
– Un vers se caractérise par un retour artificiel à la ligne, et se définit par son nombre de syllabes.
Noms des vers en fonction du nombre de syllabes : monosyllabe (1), dissyllabe (2), trisyllabe (3), tétrasyllabe (4), pentasyllabe (5), hexasyllabe (6), heptasyllabe (7), octosyllabe (8), ennéasyllabe (9), décasyllabe (10), hendécasyllabe (11), alexandrin (12).
– La césure (//) coupe l’alexandrin classique en deux hémistiches (un hémistiche = une moitié d’alexandrin). Le vers a aussi des coupes secondaires (/).
Ex : « Mes nobles compagnons, // je garde votre culte » (Hugo, « Ultima verba », Les Châtiments, 1853).
– Le vers libre, apparu plus récemment, n’a ni longueur fixe ni rimes imposées, mais il est marqué lui aussi par un retour artificiel à la ligne. Il s’agit de vers irréguliers.
Ex : « Femme noire », dans Chants d’ombre (1945), de Leopold Sédar Senghor.
– Pour lire correctement un texte écrit en vers, il faut prononcer les mots en suivant quelques règles. On voit bien là qu’il s’agit d’artifices, qui sont pourtant nécessaires pour respecter la beauté du texte !
→ Ainsi, le « e » muet se prononce lorsqu’il est devant une consonne (donc : ni devant une voyelle, ni en fin de vers).
→ En outre, il est parfois nécessaire de faire une diérèse. La diérèse consiste à séparer les deux voyelles d’une diphtongue (= deux sons voyelles à la suite) et à les prononcer en deux syllabes.
Ex : « Je fis souffler un vent révoluti – onnaire. » (Hugo, « Réponse à un acte d’accusation », Les Contemplations, 1856)
→ Pensez enfin à faire toutes les liaisons nécessaires.
– Une strophe est un paragraphe composé de vers.
Noms des strophes en fonction du nombre de vers : monostiche (un seul vers), distique (deux vers), tercet (3), quatrain (4), quintil (5), sizain (6), septain (7), huitain (8), neuvain (9), dizain (10), onzain (11), douzain (12), treizain (13), quatorzain (14).
– Les rimes, en fonction du nombre de phonèmes (= unités minimales d’un son) qu’elles ont en commun, s’identifient ainsi :
– sont pauvres les rimes qui ont un phonème en commun (ex : « tout/ debout »)
– sont suffisantes les rimes qui ont deux phonèmes en commun (ex : « frères/ désert »)
– sont riches les rimes qui ont au moins trois phonèmes en commun (ex : « révolutionnaire/ dictionnaire » → six phonèmes en commun !! Victor Hugo est fort ! Il produit souvent des rimes riches, et même très riches !)
– On parle en outre de rimes féminines lorsqu’elles ses finissent par un « e » muet (ex : « mutile/ inutile »), et de rimes masculines pour toutes les autres rimes (ex : « agité/ cité »).
– Enfin, concernant la disposition des rimes, il est temps, au lycée, de ne plus parler en termes de BB (!), mais d’utiliser plutôt les mots précis suivants :
– plates ou suivies (pour les rimes disposées en AABB)
– croisées (ABAB)
– embrassées (ABBA).
– Des discordances sont à observer quelquefois dans les textes écrits en vers. Ainsi :
– Un enjambement est un prolongement de la phrase d’un vers à l’autre. Ex : « Le poète en des jours impies / Vient préparer des jours meilleurs. »
– Un rejet est un débordement au début d’un vers d’un segment très court (un à deux mots) lié syntaxiquement au vers précédent.
Ex : « Les autres, tas de gueux, drôles patibulaires,
Habitant les patois ; quelques-uns aux galères
Dans l’argot ; dévoués à tous les genres bas »
– Un contre-rejet est un isolement en fin de vers d’un segment très court (un à deux mots) lié syntaxiquement au vers suivant. Ex : « Nous le déshabillions en silence. Sa bouche / Pâle, s’ouvrait […] ».
– Les répétitions sonores sont elles aussi travaillées, et on en observe deux types :
– Répétition d’une voyelle : assonance
– Répétition d’une consonne : allitération.