1ère – Balzac – Mémoires de deux jeunes mariées – contrôle (correction)

Compte-rendu de lecture n°5

BALZAC, Mémoires de deux jeunes mariées

1. Présenter rapidement l’auteur, en donnant quelques éléments biographiques qui vous semblent intéressants.

Né en 1799 à Tours, issu de la petite bourgeoisie (il s’attribuera plus tard sa particule), Balzac « monte » à Paris pour faire des études de droit. Finalement, à partir de 1819, il quitte le monde juridique pour se consacrer à la philosophie et à la littérature. Il essaie de monter une maison d’édition qui ne marchera pas et qui le ruinera en générant des dettes dont il ne se remettra pas. Grâce à ses fréquentations, il pénètre les salons littéraires, s’adonne aux mondanités parisiennes, rencontre le succès en tant que journaliste et romancier, entreprend de nombreux voyages en Europe et en Russie. Il brûle dans la vie mondaine l’argent qu’il gagne en multipliant sa production littéraire et journalistique. Il connaît le succès également avec les femmes, dont il réussit à analyser avec justesse les mystères psychologiques dans bon nombre de ses romans (dont Mémoires de deux jeunes mariées).

Féru d’histoire, de philosophie, de sciences expérimentales (histoire naturelle) et pseudosciences (physiognomonie), de journalisme, il observe en fin sociologue ses contemporains, et rend compte de ces observations du réel dans ses fictions, réunies dans l’immense projet de sa vie : La Comédie humaine. Il cherche à y peindre fidèlement la société de son époque et tous ses représentants (cf. préface à l’édition de 1842). Son projet est divisé en trois grandes parties, dont les intitulés témoignent d’une ambition scientifique : les « études analytiques », les « études philosophiques », et les « études de mœurs ». Ces dernières sont divisées en cinq sous-parties : les « scènes de la vie de province », « scènes de la vie parisienne », « scènes de la vie politique », « scènes de la vie militaire », « scènes de la vie de campagne », et « scènes de la vie privée » auxquelles appartiennent les Mémoires de deux jeunes mariées.

Balzac meurt en 1850.

2. Quel est le genre littéraire précis de Mémoires de deux jeunes mariées ? Donnez une définition claire de ce genre. (1 point)

Il s’agit d’un roman épistolaire, c’est-à-dire d’une correspondance fictive, d’un échange de lettres écrites par les personnages. Ce genre romanesque est donc dit « polyphonique », car plusieurs voix s’y font entendre (il n’y a pas de narrateur à proprement parler). Ici, il s’agit majoritairement de celles de Louise de Chaulieu et Renée de Maucombe.

Mémoires de deux jeunes mariées est le seul roman épistolaire de La Comédie humaine.

3. A quel mouvement littéraire et culturel Balzac est-il assimilé ? Donnez les caractéristiques de ce mouvement. (2 points)

Balzac est assimilé au Réalisme.

Le mouvement réaliste concerne surtout la peinture et la littérature ; il voit le jour au XIXème siècle. Ses principes essentiels :

    • Décrire la nouvelle société et tous ses représentants : petits commerçants, employés, ouvriers, notaires, médecins, paysans, riches industriels, etc. La société occidentale vient de connaître un grand bouleversement : les révolutions politiques (Révolution française à la fin du XVIIIème) et industrielles ont donné un nouveau visage à l’organisation sociale : l’ambition des réalistes sera de décrire les détails mêmes de cette nouvelle organisation : les petites gens, auxquelles personne ne prête attention, feront l’objet de l’intérêt de ces écrivains. Cela constitue une vraie nouveauté dans l’histoire de la littérature.
    • Dire le réel, autrement dit, faire vrai. Au début de son roman Le Père Goriot, BALZAC écrit : All is true. Cette petite phrase anglaise, qui signifie : tout est vrai, pourrait être le slogan de l’ensemble des écrivains réalistes. Ceux-ci multiplient les détails, et pour cela, font des enquêtes sur les lieux de leurs récits ; ils effectuent un travail de recherche quasi-scientifique pour que leur œuvre décrive la réalité le plus fidèlement possible.

Le genre littéraire privilégié du Réalisme est le récit (roman, nouvelle, conte, etc.), et plus particulièrement le roman. Possibilité de multiplier les détails pour produire l’effet de réel ; possibilité d’user des trois points de vue narratifs, et des trois types de paroles rapportées (discours direct, indirect, indirect libre) ; enfin, possibilité de réduire au maximum le nombre d’ellipses narratives (ce qui est plus difficile dans la nouvelle, dont le contenu narratif est plus dense, du fait de sa concision).

4. Mémoires de deux jeunes mariées vous semble-t-il appartenir à ce mouvement ? Expliquez pourquoi. (2 points)

Oui, on peut dire que ce roman est réaliste à plus d’un titre.

En effet, le caractère polyphonique du roman épistolaire permet à Balzac d’adopter les points de vue internes de Louise et de Renée, ainsi que de personnages secondaires. On a alors accès à la profondeur de leur psychologie, dont on trouve quelques aspects universels (pour aller vite, Louise représente la passion, Renée représente la raison).

Cependant, ces deux femmes sont aussi typiques de leur époque, de l’aristocratie française du XIXème siècle, l’une représentant l’aristocratie parisienne (Louise), l’autre celle de Province (Renée), sous la Restauration, et ce contexte spatio-temporel réel est peint par l’auteur à la fois avec fidélité et avec distance.

Les deux épistolières sont aussi généreuses en détails dans les descriptions qu’elles donnent des lieux, de leurs physionomies, de leur quotidien, de leurs milieux, ce qui produit des effets de réel.

On peut ajouter une réflexion un peu « complexe » : le personnage de Louise est romantique. Pour autant, il ne serait pas tout à fait juste de qualifier ce roman de « romantique ». En réalité, si Balzac a été romantique dans sa jeunesse, il nous livre ici un personnage typique de son époque, donc imprégné de Romantisme, mais il ne faut pas confondre le personnage et l’auteur…

5. Quand se passe l’intrigue des Mémoires de deux jeunes mariées ? Précisez le contexte historique. (1 point)

La première lettre date de 1823. La France connaît depuis 1815 la restauration d’une monarchie constitutionnelle après le Premier Empire (Napoléon).

6. Quelle est la situation initiale pour les deux héroïnes ? (1 point)

Louise et Renée sortent du couvent, où elles ont passé leur enfance et noué une amitié profonde. Elles y ont développé des réflexions et discussions sans fin au sujet de l’amour, des hommes, et de la vie qui les attend. Le roman commence alors qu’elles s’apprêtent à découvrir le « monde », Louise à Paris, Renée en Provence.

7. Combien de temps s’écoule entre le début et la fin du roman ? (1 point)

La dernière lettre datant de 1835, il s’écoule treize ans.

8. Comment finit Louise ? (1 point)

Environ trois ans après la mort de son premier mari Felipe, Louise se remarie avec Marie Gaston (prénom qui est ici masculin!). Si elle a dominé le premier, elle se soumet totalement au second. Aussi connaît-elle les affres de la jalousie amoureuse, lorsqu’elle se rend compte que son époux multiplie les allers-retours à Paris (ils vivent alors en région parisienne, près de Ville-d’Avray, non loin de Versailles). Persuadée qu’il la trompe, elle crée les conditions pour attraper une pneumonie dont elle mourra après avoir appris que Marie Gaston se rendait à Paris pour visiter la veuve de son frère, en toute dignité. On peut donc parler d’une forme de suicide et d’une fin tragique.

9. Donnez trois adjectifs pour qualifier Renée. Justifiez chacun d’eux (1,5 points)

a. Tout d’abord, on peut évidemment qualifier Renée de raisonnable, sage, mature, réaliste. Elle a compris que le mariage est le fondement de la famille, qui elle-même est le fondement de la société. C’est là un des messages que porte le roman. (cf. lettre 20, lettre 53, entre autres). Par comparaison avec Louise, qu’elle appelle souvent « enfant », elle semble d’une maturité exemplaire. Le mariage, chez Renée, ressemble bien à un « contrat » passé entre deux intelligences qui visent à construire une famille. Les époux y sont indépendants, respectueux et complices. Si c’est d’abord pour éviter de retourner au couvent que Renée se marie avec Louis de l’Estorade, elle régnera très vite en maîtresse au sein de cet univers de la Crampade qui sera désormais le sien.

b. Renée est aussi douce, tendre, généreuse, attentionnée, aimante, affectueuse, fidèle, intègre. Dans la lettre 5, elle écrit : « je me suis juré à moi-même de consoler ce jeune homme sans jeunesse » et elle utilise le futur, se projetant dans une vie faite de bonheurs simples au sein d’un foyer familial. « En restant fidèle à mes devoirs, aucun malheur n’est à redouter ». Et en effet, elle restera fidèle à ces principes et rencontrera une forme de bonheur. Elle est pleine d’amitié, de respect, d’estime, d’affection pour son mari (lettre 13), et surtout pleine d’une amitié sans réserve pour Louise, qu’elle accompagnera jusqu’à son dernier souffle. Elle ne connaît pas la passion amoureuse, mais reste néanmoins un être sensible plein de tendresse.

c. Enfin, elle est maternelle. Tel sera le sens de sa vie, dès sa première grossesse (lettre 28) -et même avant, puisqu’elle utilise avec certitude le futur pour évoquer ce projet dès les premiers échanges avec Louise- et jusqu’aux dernières lignes du roman (lettre 57), où elle supplie de retrouver ses enfants, comme le refuge ultime pour se ressourcer après le deuil de son amie. Elle utilise souvent des expressions qui montrent que pour elle, une femme se définit d’abord par sa maternité, et multiplie les formulations pour dire le plein épanouissement qu’une femme rencontre en tant que mère. Cependant, bon nombre de ses confidences révèlent aussi les souffrances de la maternité : symptômes de la grossesse, douleurs de l’accouchement, angoisses perpétuelles de l’instinct maternel (face aux maladies infantiles, aux accidents, etc.), troubles des émotions. En cela, on peut noter que le roman de Balzac fait preuve de modernité, et que l’auteur a su pénétrer la psychologie des mères avec finesse et nuance.

10. Donnez trois adjectifs pour qualifier Louise. Justifier chacun d’eux. (1,5 points)

a. Louise est d’abord passionnée, sensible, sensuelle, impétueuse, fougueuse.

b. Elle est aussi orgueilleuse, coquette, élégante, mondaine.

c. Enfin, elle est idéaliste.

11. A votre avis, pourquoi ce roman s’inscrit-il au programme du bac dans le parcours « RAISON ET SENTIMENTS » ? (3 points)

12. Pourquoi est-il encore intéressant de lire ce roman aujourd’hui ? (3 points) (Même s’il ne vous a pas intéressé(e), allez chercher les raisons pour lesquelles il est intéressant pour d’autres gens que vous, aujourd’hui).

Ce contenu a été publié dans Révisions et Méthodologie d'Hubac, SAV des cours, avec comme mot(s)-clé(s) , , , , , , , . Vous pouvez le mettre en favoris avec ce permalien.