1èreSTi2D – Contraction/Essai – Sujet « maîtres et valets » – L’île des esclaves (Marivaux)

Sujet type bac – CONTRACTION SUIVIE D’UN ESSAI

Parcours : Maîtres et valets.

CONTRACTION :

Vous résumerez ce texte en 180 mots. Une tolérance de +/- 10 % est admise : votre travail comptera au moins 162 et au plus 198 mots.

Vous placerez un repère dans votre travail tous les 50 mots.

– Vous aviez créé L’Île des esclaves en 2011. Pourquoi reprendre ce spectacle en 2017 ?

La première création de L’Île des esclaves était un défi, plus qu’une envie, ou alors peut-être l’envie d’un défi. (…) Nous avions donc choisi L’Île des esclaves parce que nous avions envie de nous frotter à une langue et un texte vers lesquels nous n’aurions pas été de prime abord. L’Île des esclaves détient une force que je ne percevais pas intuitivement et qui nécessitait une démarche particulière -presque de l’ordre de la curiosité intellectuelle- pour découvrir tous ses secrets. Aujourd’hui, le temps est passé, beaucoup de projets sont nés et la société a évolué en même temps que nous. Ma vision sur le monde, la politique et le social s’est développée et j’avais besoin de revenir sur ce texte de façon plus précise, plus affective. Lors de la première version j’avais travaillé sur la dramaturgie et j’interprétais le rôle de Cléanthis. Je ressens aujourd’hui la nécessité de prendre du recul et d’exprimer une pensée en me situant en dehors du plateau, d’avoir une vision plus complète en explorant l’expérience intérieure cumulée à une réflexion extérieure totale.

– En quoi Marivaux est-il un auteur moderne ?

L’exploration du choc des classes sociales me paraît d’une actualité brûlante : nous n’avons toujours pas résolu, malgré une histoire riche en révolutions et bouleversements sociaux, le nœud de l’apaisement social. Cette question des classes, de l’injustice, du mépris est plus que jamais inextricable. Le mépris des classes aisées (exploitantes), envers les classes défavorisées (exploitées), est devenu d’un cynisme mordant. Cet état de fait est entré dans notre quotidien et s’affiche sans vergogne. Marivaux n’était pas pour un bouleversement des rôles sociaux, mais pour un apaisement des relations sociales. Ma vision de femme du XXIème siècle diffère cependant de celle de l’auteur à cet endroit. L’expérimentation d’un laboratoire social est en effet absolument vital aujourd’hui mais je ne partage pas l’idée d’un apaisement social sans dégât. L’acceptation d’une exploitation consentie m’apparaît plus sombre et plus violente qu’elle n’est exposée. Les dernières répliques de Cléanthis me donnent cependant un tremplin parfait pour développer un discours plus mitigé sur cette acceptation et une vision moins édulcorée de la farce et de son dénouement. Il me semble intéressant de confronter un discours politique d’apaisement social très en vogue aujourd’hui avec une réalité brutale de l’exploitation des masses et d’une situation concrète de misère. J’ai situé les personnages dans une époque actuelle : les maîtres sont des mondains issus de classes aisées, les valets des employés calibrés pour servir cette classe. Il ne s’agit pas ici de poser un discours manichéen et moralisateur sur la légitimité des actions des personnages. Il s’agit d’inviter le spectateur à entrer en empathie avec des individus dans les situations, leurs origines et leurs conséquences. Les maîtres ne sont pas les victimes, ni les valets des bourreaux ou inversement. Chacun agit avec les armes qu’il a en sa possession et tente de s’en sortir dans un jeu social pervers et ambigu que nous, individus, avons à jouer et comprendre tout au long de notre vie.

– Avez-vous effectué des modifications sur la pièce de Marivaux ?

Le texte est d’origine, excepté quelques petites libertés sur le parcours de Trivelin. Ce personnage, incarné par une entité virtuelle, est un maître du jeu asexué et déshumanisé. Le texte a donc été légèrement remanié pour s’harmoniser à ce parti pris, mais hormis son caractère masculin et quelques expressions affectives qui le plaçaient dans un statut très humain, le texte est restitué dans son entièreté. (…) Nous avons d’ores et déjà exploré chaque parcelle de notre planète. Les lieux utopiques se situent désormais dans le virtuel. J’ai donc choisi de placer les personnages au-delà du réel, dans un mental connecté, une matrice où les repères et les règles sont bouleversés et où le pouvoir se situe dans la capacité à modifier son environnement, à le créer à son image. Tels des dieux vivants, ils déterminent les formes et les couleurs, en fonction de leur envie. La vidéo incarne ce pouvoir, en devient l’enjeu suprême. Aujourd’hui, nous sommes en présence d’enfants modifiant à l’infini leur univers. Ils contrôlent des jeux, dirigent des mondes, modèlent, déforment et reforment au gré de leur évolution dans le jeu social si apprécié désormais.

(717 mots)

GAËLE BOGHOSSIAN – METTEUR EN SCÈNE

L’ÎLE DES ESCLAVES | dossier de presse |

INTERVIEW propos recueillis par Laéticia Vallart

ESSAI :

Pensez-vous que les œuvres de fiction, en particulier les utopies, peuvent faire réfléchir leur public au point de changer réellement les choses ?

Vous développerez de manière organisée votre réponse à cette question, en prenant appui sur L’île des esclaves de Marivaux,, sur le texte de l’exercice de la contraction et sur ceux que vous avez étudiés dans l’année dans le cadre du parcours : « Maîtres et valets ». Vous pourrez aussi faire appel à vos lectures et à votre culture personnelle.

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