Tragédie antique et tragédie classique

TRAGÉDIE GRECQUE ET TRAGÉDIE CLASSIQUE : HISTOIRE ET RÈGLES D’UN GENRE.

La tragédie grecque : Elle a duré quatre-vingts ans, durée même de l’épanouissement politique de la démocratie athénienne au Vème siècle avant JC. D’innombrables textes ont été perdus ; cependant, trois dramaturges restent connus aujourd’hui : ESCHYLE, SOPHOCLE, et EURIPIDE. Des concours annuels étaient organisés lors des fêtes religieuses. Tous les citoyens devaient être présents aux représentations, y compris les plus pauvres. C’était donc une véritable institution sociale de la cité.

Pour ARISTOTE, la tragédie est la représentation (mimesis) d’une action sérieuse et complète en elle-même, dans une forme dramatique (= théâtrale), et non pas narrative comme dans l’épopée (exemple : L’Iliade d’HOMERE); cette action dramatique, donc jouée sur scène par des acteurs, se termine par une situation malheureuse, qui suscite chez le public la pitié et la peur. La naissance de ces émotions a une fonction médicale qu’ARISTOTE appelle catharsis : les émotions suscitées par la tragédie permettent au spectateur de purger ses passions, c’est-à-dire de se purifier de ses souffrances. On dit alors que la tragédie a une fonction cathartique.

On a d’un côté de la scène le chœur, personnage collectif et anonyme, qui exprime en vers les interrogations et jugements de la communauté civique des spectateurs. De l’autre côté, on a le ou les personnage(s) de la pièce, qui occupe(nt) la scène proprement dite. Ces derniers sont nobles et sérieux, issus de l’Histoire ou des Légendes. Ils sont donc déterminés fortement par leur destin (causes externes de la fatalité, voulue par les dieux, par exemple, dans le cadre de punitions divines chez les Atrides), ainsi que par leurs passions (causes internes de la fatalité: l’individu, même raisonnable et rationnel, échoue dans la maîtrise de sentiments violents), qui sont toujours grandioses.

Le Classicisme : Mouvement culturel qui s’est développé au XVIIème siècle. Ses auteurs les plus connus sont : LA FONTAINE, MOLIÈRE, RACINE, Mme de LA FAYETTE, BOILEAU, Mme de SÉVIGNÉ, CORNEILLE. L’esthétique classique a plusieurs principes :

  • La fidélité aux Anciens, c’est-à-dire à l’Antiquité grecque et latine ;

  • La recherche de ce qui est vrai, mesuré, équilibré, raisonnable, ordonné, etc.

  • La simplicité et la concision dans l’expression.

  • L’objectif double de plaire tout en étant utile : instruire et divertir en même temps, tel est le but des auteurs classiques. On a une belle illustration de ce double objectif avec les Fables de Jean de LA FONTAINE.

  • Le respect des règles de chaque genre littéraire (cf. ci-dessous, règles des trois unités dans la tragédie).

La tragédie classique s’inspire de l’Antiquité gréco-latine. Elle est régie par la règle des trois unités qui impose une action unique, concentrée en un jour, en un seul lieu, sans épisodes superflus. À cela s’ajoute une rigueur formelle : la tragédie comporte cinq actes, écrits en alexandrins. Le respect des bienséances et le souci de la vraisemblance participent également du code de l’écriture théâtrale. Rien de choquant ne doit être représenté sur la scène : ainsi, le récit de Théramène, dans Phèdre de RACINE, relate l’épisode de la fin violente d’Hippolyte, sans le montrer sur scène.

Règle des trois unités (censée permettre au dramaturge d’accroître l’efficacité théâtrale, de rendre l’action plus vraisemblable) :

    • L’unité d’action : les intrigues secondaires sont proscrites. Cela permet de concentrer l’intérêt dramatique sur le sujet principal de l’œuvre, de simplifier l’intrigue.

    • L’unité de temps : à la différence du théâtre baroque où les événements pouvaient s’étendre sur plusieurs jours, mois, voire plusieurs années, l’action des pièces classiques n’excède pas les vingt-quatre heures.

    • L’unité de lieu : l’action doit se dérouler en un lieu unique. L’espace scénique coïncide ainsi avec le lieu de l’action représentée.

Il existait en outre d’autres exigences :

    • l’unité de ton doit être respectée afin de maintenir la séparation des genres (tragédie / comédie). Dans une tragédie classique, on ne rit jamais ;

    • les bienséances sont de deux ordres :

      • les bienséances externes doivent être respectées afin de ne pas heurter le public: tout ce qui va contre la morale est banni (les scènes de violence, la représentation concrète de la mort, etc.) ;

      • les bienséances internes relèvent de la cohérence des caractères des personnages. Le personnage a un caractère propre établi au début de la pièce et développé de manière cohérente jusqu’à la fin de l’action.

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